MCB / MCB2 : la logique et la croyance...

11/03/2016 10:38

Un très bon article sur le site de Agitateur.org concernant les deux camps qui s'affrontent à Bourges.

 

Le Dallas de ce début de 21ème siècle à Bourges, ce sera l’aventure de la Maison de la Culture de Bourges. Une aventure de pieds nickelés, mais une aventure quand même. L’histoire est très bien racontée dans un article du journal Le Monde. Globalement et schématiquement, un projet de rénovation de la Maison de la Culture de Bourges lancé en 2007 tombe à l’eau suite à la "découverte" de thermes gallo-romains sous ses fondations.

 

Et c’est là que les problèmes commencent. Le maire de Bourges d’alors, Serge Lepeltier (UMP/UDI tendance "écolo"), décide de lancer un projet dit aujourd’hui MCB2 sur les pentes de la place Séraucourt...seul problème, le chantier de la MCB est en plan et nombre de berruyers sont scandalisés de la situation [1]. Se créent alors deux groupes : ceux qui souhaitent que la MCB soit reconstruite sur le site historique et ceux qui souhaitent que la Maison de la Culture retrouvent un lieu dédié très rapidement qui adoptent le projet MCB2 vendu comme "la Maison de la Culture du XXIème siècle". Le premier groupe est constitué autour de l’association des amis de la Maison de la Culture. Le second groupe est constitué par les salariés de la MCB et tout le petit monde de la culture institutionnelle. Logique, dans le second groupe, les uns ont peur de perdre leur boulot et veulent trouver vite une solution, les autres sont les tenants des décisions abracadabrantes prises à un moment donné et veulent trouver rapidement une porte de sortie.

Et c’est là que les militants du site historique ont une idée de génie. La MCB2 nécessitant l’abattage de nombreux arbres à Séraucourt, ils créent de toute pièce "Les Jardins de Séraucourt" afin de fédérer les militants écologistes et se lancent dans une bataille juridique de longue haleine en s’inspirant des zadistes de Notre Dame des Landes. Évidemment, l’argument est bidon. Personne à Bourges n’a entendu parler des Jardins de Séraucourt qui est surtout une place hideuse qui sert de parking une bonne partie de l’année hors manifestation particulière (Printemps de Bourges, fête foraine...). Cela est très bien expliqué dans un article des militants de la MCB2. Mais ce sont des militants, ils ne sont pas du coté du pouvoir, ils emploient donc toutes les armes possibles pour défendre leur avis sur le dossier. Par contre, contrairement à ce que laissent entendre les partisans de la MCB2, les militants d’une reconstruction sur le site historique ne souhaitent pas la mort de la MCB, bien au contraire. Mais les partisans de la MCB2 laissent planer le doute sur le fameux label "Scène Nationale" qui pourrait disparaître. Là aussi, c’est une autre "intox" mais des militants de la MCB2 cette fois.

Pour tout dire, le dossier aurait pu être classé suite à l’élection municipale 2014. En effet, Irène Félix (PS) partisante d’une reconstruction du site historique a été battue par Pascal Blanc (UDI) qui, comme son prédécesseur, fait la promotion de la MCB2. Pour compliquer le tout, ce n’est pas un conflit droite-gauche classique puisque le PCF se range derrière l’avis de la droite et qu’au niveau de l’État (en théorie de gauche), c’est aussi la MCB2 qui tient la corde. Les militants du site historique sont clairement minoritaires, ils ne sont clairement pas du coté du pouvoir..."le match" semble donc plié. Mais, mais...petit problème, la ville de Bourges n’a plus de sous...et le dossier traîne. En février 2016, rien n’a avancé.

Et les militants de part et d’autres continuent de militer. Ces derniers jours, les partisans de la MCB2 qui sont du bon coté du manche, fanfaronnent à travers deux articles : un article qui fait état de la lettre de l’ex ministre de la culture Fleur Pellerin qui prend clairement position pour la MCB2. Un autre article qui fustige "les convictions qui deviennent des croyances" des partisans du site historique. Ce dernier article est particulièrement amusant. En effet, il met en avant le fait que tout le monde (du coté des pouvoirs locaux et nationaux) est pour une MCB2 (mairie et État) et que le projet de reconstruction présenté par les tenants du site historique n’est pas sérieux...et donc qu’il relèverait plus de la croyance qu’autre chose. Et c’est là que hop, on rembobine l’historique. En effet, le projet initial de 2007 était bien de rénover la Maison de la Culture sur site. Donc, c’était bien faisable ? Mais bon, ok, un événement est survenu, on ne pouvait pas surélever la MCB, donc il fallait creuser. Pourquoi n’a t-on pas creusé ? Parce qu’il fallait réaliser des fouilles et que cela allait prendre beaucoup de temps et coûter cher [2]. Mais à l’époque, 2012, il n’a jamais été dit que cela était impossible. Pourquoi cela le serait devenu en 2016 ? Où est la logique et où est la croyance ?

Conclusion, les partisans de la MCB2 sont aussi croyants que ceux du site historique. Il est évident qu’une reconstruction sur le site historique est possible. Mais il est aussi évident que personne ne va aujourd’hui se déjuger, ni la ville, ni l’État. Avec du recul, on s’aperçoit qu’au final, on aurait certainement pu réaliser les fouilles et les payer sans aucun problème. Le projet initial de rénovation aurait peut-être vu le jour plus vite et aurait vraisemblablement coûté nettement moins cher que la MCB2. Personne bien sûr ne l’avouera, le fiasco mêlant tout le monde politique local et national. Mais il ne fait aucun doute aujourd’hui que la MCB2 verra le jour puisque tous les acteurs du pouvoir ont cette volonté [3]. Reste à savoir quand et à quel coût [4]. Car même si peu de berruyers en profitent véritablement, la MCB est une belle institution qui donne une chance à tous d’accéder à plus d’œuvres, principalement théâtrales, en plein cœur du Berry, œuvres qui seraient inaccessibles sans elle. Et rien que pour cela, le jeu en vaut certainement la chandelle [5].

 

[1Pour être tout à fait honnête, le plus grand nombre s’en fout et pour cause, ils n’y mettent jamais les pieds.

[2C’était l’argument de Serge Lepeltier à l’époque qui devait aussi avoir une bonne idée de l’état pitoyable des finances de la ville de Bourges.

[3Sauf si cela traîne encore et que 2017 et son nouveau gouvernement remette les choses à plat, ce qui parait peu probable.

[4Oui, on sait, la culture n’a pas de prix...mais soyons réalistes, surtout pour ceux qui ne la paient pas ou au contraire en vivent. Pour les autres, c’est payant d’une façon ou d’une autre.

[5Chandelle que l’on retrouve aussi dans les églises

 

Source et article complet : https://www.agitateur.org/spip.php?article2053