Frontière, nation, déportation : Entretien avec une "Street Medic" présente lors de l’expulsion de la jungle de Calais

10/11/2016 10:51

Le 24 octobre, au matin, les opérations de « nettoyage » et de « mise à l’abri » des migrant.e.s de Calais, pour reprendre les termes de l’État, ont débuté. Des camarades « street medics » se sont rendus sur place durant cette semaine. Voici un entretien réalisé, à son retour, avec l’une d’entre elles.

Ce qui est appelé « la jungle de Calais » est le campement de La Lande, en périphérie de la ville, aux abords du port de Calais et de l’entrée du tunnel sous la Manche. Le campement est situé entre la mer, non loin au nord ; à l’est, une forêt ; et à l’ouest, une zone industrielle classée pour sa toxicité, de l’autre côté de l’autoroute, laquelle est protégée par des grillages, des patrouilles, des caméras de vidéosurveillance, et un énorme mur encore en construction, financé par le Royaume-Uni et construit par la société Vinci.

La jungle, camp auto-construit, s’est formée progressivement après la fermeture du camp de Sangatte en 2002. Depuis 2014 il y a aussi le centre Jules Ferry, au nord de la jungle, qui héberge les femmes et mineur.e.s isolé.e.s. Il est géré par les associations Salam et La Vie Active. Cette dernière association a aussi en charge le Centre d’Accueil Provisoire (CAP), mis en place en 2015 : il s’agit d’un ensemble de containers superposés, accolé au campement, avec grillage et contrôle des entrées par reconnaissance biométrique.

Quelques jours avant les expulsions, l’État a réquisitionné un grand hangar dans la zone industrielle, vite nommé « sas » : c’est là que s’est effectué le tri parmi les migrant.e.s. On sait peu de choses sur ce qu’il s’est passé dans le hangar ; à la sortie les exilé.e.s étaient aussitôt poussé.e.s dans les bus qui, une fois remplis, les emmenaient vers les CAO.

Les Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO) existent depuis octobre 2015. Ils sont répartis un peu partout en France à l’exception de l’Île de France et de la Corse. Leur gestion est déléguée par l’État à des associations locales ou non ; ils ont vocation à favoriser les démarches administratives des migrant.e.s, et à leur fournir un hébergement minimal pendant trois mois. Un grand nombre de nouveaux CAO ont été ouverts la semaine même des expulsions ; aucune liste n’ayant été diffusée par l’État, il est difficile de savoir avec précision combien il y en a (l’État parle de 450 centres), et surtout où ils sont situés. L’État s’est engagé – verbalement – à ce que les migrant.e.s répartis dans les CAO ne soient ni expulsé.e.s, ni envoyé.e.s en Centre de Rétention Administrative (CRA), ni « Dubliné.e.s » (c’est-à-dire renvoyé.e.s, selon la Convention de Dublin, vers le premier pays européen où ils ont été enregistré.e.s).

 

Le 24 octobre, au matin, les opérations de « nettoyage » et de « mise à l’abri » des migrant.e.s, pour reprendre les termes de l’État, ont débuté. Des camarades « street medics » se sont rendus sur place durant cette semaine. Voici un entretien réalisé, à son retour, avec l’une d’entre elles.

 

Source et article complet : https://paris-luttes.info/frontiere-nation-deportation-7012