Ouverture du centre social autogéré

Ouverture du centre social autogéré

Le mercredi 2 août, nous avons investi un immeuble HLM trouvé dans un état d’abandon déplorable. Porte de l’immeuble endommagée, portes de la plupart des appartements ouvertes à part celui d’une famille avec un bébé et deux autres inhabités mais verrouillés. Le hall de l’immeuble était souillé de monceaux d’ordures. L’immeuble est sans doute considéré comme voué à l’abandon et la destruction. Pourtant des fenêtres double vitrage aux normes ont été installées.

Au premier étage, les deux appartements ouverts étaient également jonchés d’ordures, de tâches de liquide collant et visqueux et de frites moisies.

Nous avons installé des serrures pour pouvoir fermer les deux appartements du haut de l’immeuble. Nous les avons nettoyés, surtout l’un où l’on a passé la serpillière, lavé les murs et les fenêtres, les étagères, la salle de bain, les toilettes. Nous l’avons rendu habitable en une grosse matinée de travail à deux. Le soir même nous y déposions 3 matelas, des draps, une table, un meuble et de la vaisselle. Toutes ces affaires sont issues de dons de sympathisants.

Un soir, deux demandeurs d’asile que nous suivons y ont passé la nuit, étant laissés à la rue comme tant d’autres très régulièrement. Ils sont forcés à la précarité depuis des mois, situation que nous dénonçons sans relâche, et encore une fois avec cette occupation.

Nous avons intégralement ramassé les ordures du hall et des appartements du 1er étage. 6 sacs poubelle de 100 litres. Une demi-journée de travail à deux encore une fois. Nous ne pouvions tolérer de voir une famille laissée à vivre dans cet immeuble avec cette vision là. Ni d’y amener dormir des gens. Nous voudrions causer aux adolescents qui vont parfois dans ces immeubles abandonnés, leur dire ce que nous faisons là, les faire laisser propres les lieux, voir aménager un appartement en bas s’ils décident de nous aider à les nettoyer pour qu’ils puissent papoter dans un canapé, et jeter leurs ordures ou mégots dans une poubelle plutôt qu’à même le sol. Cet immeuble et tant d’autres, abandonnés, ont du potentiel, si tant est qu’on laisse les gens qui en ont besoin le développer.

La cage d'escalier après un décrassage sommaire.

 

Notre présence est positive pour cet immeuble, dont la gestion des propriétaires était tout simplement déplorable. Il serait vraiment honteux de nous mettre dehors alors que rien n’était fait depuis 2015 dans cet immeuble, preuve en est la facture d’installation d’un détecteur de fumée trouvée en haut, à coté de la boite en carton du détecteur : personne n’a emménagé depuis.

Nous souhaitons rapidement refaire les papiers peints du deuxième appartement que nous occupons et le rendre à son tour habitable car les places vont manquer. Nous souhaiterions aussi nettoyer ceux du premier étage qui restent très sales pour le moment malgré notre déblaiement.

Nous déclarons aujourd'hui à Bourges l'ouverture du Centre Social Autogéré de solidarité avec les migrants. Nous invitons toute personne sans logis à faire respecter ses droits, et nous pensons qu'occuper des appartements laissés à l'abandon est une action nécessaire à l'heure actuelle. Nous appelons les citoyens et les collectifs, associations, syndicats, politiciens à nous soutenir.

Cet immeuble sans doute voué à la destruction restera ainsi encore des mois... Nous permettre d'y rester est un premier pas. Mais permettre aux demandeurs d'asile d'obtenir un logement pérenne le temps du traitement de leur demande est la moindre des choses. Nous ne parlons pas de solutions type PRAHDA destinées à devenir des centres de rétention bis et des machines à déporter. Nous réclamons d'ailleurs le traitement des demandes d'asiles en France pour les personnes souhaitant obtenir l'asile en France. Nous réclamons donc l'arrêt de l'application de la procédure Dublin dans le département. Nous réclamons aussi un changement de direction profond à l'OFPRA. Nous sommes en effet en contact avec des demandeurs d'asile mutilés, menacés, violentés, risquant la mort dans leur pays et dont la demande d'asile a été refusée pour des raisons futiles. Nous constatons donc un mauvais traitement des demandes d'asile au profit de l'application de quotas.