Front national et syndicalisme

18/11/2016 18:37

Yannick Bedin écrit dans son dernier billet, dans le contexte de ces derniers jours où l’extrême-droite a fait parler d’elle sur Bourges, que si elle arrivait au pouvoir "des hordes déferleraient" sur tout ce qu’elle n’aime pas notamment les syndicalistes. Eh bien, contrairement à ce qu’on pourrait croire le FN aime les syndicalistes. Pas tous et à sa façon. Sa préférence va bien sûr aux syndicalistes frontistes et sympathisants.

 

Dans les années 90, il avait tenté de créer ses propres syndicats mais ils avaient dû être invalidés par la justice. Maintenant il s’y prend autrement. En 2011, il y avait déjà eu le cas médiatisé de Fabien Engelmann, CGTiste, se présentant aux cantonales en Moselle qui permettait au FN de démontrer que certains syndicalistes pouvaient être séduits par ce parti. La CGT a donc exclu le candidat frontiste. En 2014, pour les municipales, d’autres syndicalistes se présentaient sous la bannière FN ce qui finissait de déstabiliser les organisations syndicales.

 

En 2015, le FN monte encore d’un cran dans son expérimentation. Le 1er mai 2015, il créé le Cercle Front syndical dirigé par Dominique Bourse-Provence, cadre de la CFDT (exclu) et juge prud’homal. Sa mission : évangéliser les syndicalistes à la cause frontiste et porter en justice, selon l’argument que tout syndicat doit être indépendant de tout parti, les syndicats qui révoquent les militants membres du FN. Par conséquent il se contredit. Mais c’est égal : le FN à l’assaut du syndicalisme remplace ce cercle par Le Collectif des salariés en octobre 2016. C’est donc Dominique Bourse-Provence qui en devient le Président et Laurent Bras, secrétaire départemental du FN 41 qui en est le Secrétaire général. Ce dernier tait sur le site du FN 41 son syndicat d’appartenance. Mais c’est assez stupide dans la mesure où nombre de personnes du Loir-et-Cher doivent le connaître. Peut-être faut-il plutôt y voir la volonté de son syndicat de ne pas être lié à son activité frontiste. Et il suffit d’interroger internet pour constater que ce secrétaire départemental Front national est à l’Union départementale 41 de Force Ouvrière.

 

L’union départementale du Cher de Force ouvrière n’est pas en reste puisqu’elle a désigné dans son bureau comme secrétaire adjoint Mickael Renuy qui est un militant Identitaire néo-nazi et dans le service d’ordre de Marine Lepen à ses heures : ici le document PDF qui vient du site des antifas de l’Indre.

 

Ce syndicat affirme son indépendance vis-à-vis de tout parti politique. C’est en effet une revendication commune à toutes les organisations syndicales (ce qui d’ailleurs peut faire sourire au passage). Mais cela ne devient-il tout de même pas un peu embarrassant d’avoir à des postes de responsabilités dans un syndicat des militants qui invoquent l’identité nationale, la xénophobie, voire le néo-nazisme, etc... ? Et patriotes ?

 

Source et article complet : https://www.agitateur.org/spip.php?article2066